Aldo Maccione tout baigne

Une rue calme, juste au-dessous de Pigalle (il y en a !). Un appartement élégant, décoré dans les tons de noir et or, glaces fumées, luxe discret. Aldo est sur le pas de la porte, avec un sens de l’hospitalité tout italien : «Ma, tu bois oun petit café, si ?». Pendant que le maître s’affaire lui-même en cuisine, un coup d’œil circulaire : sur la cheminée, comme un fétiche, la reproduction du clap de «L’aventure c’est l’aventure», le film de Claude Lelouch. Tout est parti de là et Aldo peut lui en être éternellement reconnaissant. Souvenez-vous, c’est bien sur ce bord de plage que les joyeux farfelus, Jacques Brel, Lino Ventura, Charles Denner, Charles Gérard s’essayaient à imiter la démarche d’un nouveau venu, Aldo. Il y douze ans maintenant et, entretemps, cette démarche est devenue légendaire, avec l’expression qui l’accompagne : la classe ! La classe, dans le salon, c’est aussi le grand écran du vidéoprojecteur Sanyo 45, tri standard, cadeau (somptueux) d’Amlf, un distributeur des films d’Aldo. Il faut dire que notre homme est un poulain qui rapporte, le box-office de ses entrées en témoigne. Autre preuve, autre cadeau, celui du producteur Jo Siritzky. Lui non plus ne s’est pas moqué de son ami : une superbe caméra vidéo compacte JVC GZS3 et son magnétoscope incorporé HRC 3S, monté dans un ensemble très pratique à l’épaule. Aida s’amuse comme un fou avec ce beau jouet, aussi bien à l’extérieur pour les reportages sportifs, foot et boules avec les copains, que comme instrument de travail à la maison, pour les répétitions de gags visuels. Justement, c’est la télé qui téléphone (eh oui) et Aldo explique au bout du fil que pour cette prochaine émission il aura besoin… d’une cuisinière électrique pour préparer des cailles flambées au cognac, en direct sur le plateau ! Avec tout ce beau matériel, allez vous dire, va un superbe magnétoscope de salon ? Pas du tout. Aldo Maccione est totalement allergique à la taxe et il reconnaît bien volontiers que cette mesure maladroite a porté un coup d’arrêt à l’expansion du magnétoscope en France. Aldo se refuse à être un cochon de payant fiché dans l’administration. Ce qui se comprend d’autant mieux chez notre ami transalpin : « Quand je vais à Rome, je peux suivre le programme de quarante chaînes, et à Milan trente. Alors, pourquoi je m’emmerde ?… ».Aldo Maccione Aldo n’est pas collectionneur… sauf de ses propres films, qu’il est allé acheter en vidéoclub pour être certain de les posséder et de les revoir un jour, plus tard. Ces films sont légion et il en sort d’ailleurs trois rien que dans la période mars-avril. Thorn a ouvert le feu avec «Aldo et Junior», un film tiré d’une BD de Wolinski, où se distinguent aussi Andréa Ferréol et Luis Rego. Ce mois-ci, c’est Scherzo qui sort «Aldo fait ses classes», comédie troupière made in Italie, et «Trois dans un lit», film à sketches sur le thème du sommier (ou du matelas, si vous préférez) et l’art de s’en servir ! Autour de ces joyeuses nouveautés, une brochette d’autres cassettes dont certaines comme «Le bourreau des cœurs» (Films 7) ou «Plus beau que moi tu meurs» (GCR) font encore d’excellents scores en location. Il est vrai que les films d’Aldo Maccione sont de vrais remèdes antimorosités même si l’humour pratiqué est le plus souvent au premier degré. La télévision ? Les programmes de nos chaînes hexagonales n’enthousiasment guère M. Maccione : «Les variétés sont toutes pareille, on voit toujours les mêmes artistes, on ne fait pas assez place aux jeunes, ça manque d’invention». Bref, pour reprendre son mot : «C’est pas trop grandiose !». Lui-même évite de se montrer souvent. Lors de sa carrière américaine, il avait 26 ans, il a participé avec son groupe les Brutos au célèbre «Ed Sullivan show». Ce qui l’avait surpris, c’est qu’on ne gardait pas le meilleur pour la fin. On mettait au contraire le paquet dès le début pour capter l’attention du téléspectateur : avec Judy Garland et Danny Kaye par exemple… Quant à la publicité, Aldo n’a rien contre «si c’est bien fait». C’est ainsi qu’il a signé, voici deux ans, une exclusivité avec les biscuits Petit Cœur de Belin pour des films que réalise Daniel Cauchy. En résumé, Aldo a le bon ton de préférer la vidéo active, celle de la caméra, à la vidéo passive, celle du magnétoscope presse-bouton. «La caméra vidéo, poursuit-il, c’est un formidable apprentissage du cinéma pour les jeunes. Elle peut faire naître la passion du film pour le grand écran. Je la recommande comme cadeau à tous les parents qui auraient les moyens de l’offrir à leurs enfants !». A bon entendeur…

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